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  • Photo du rédacteurAurélie

Manifesto

Pourquoi j’ai décidé d’accompagner les femmes en désir d’enfant ?


Parce que je ne me suis jamais sentie aussi seule que devant mes tests de grossesse négatifs (et le fameux « revenez dans un an » du gynécologue) …


Parce qu’on m’a d’abord dit que si ça ne fonctionnait pas, c’est parce que j’y pensais trop (le fameux bis). Et que quand j’ai commencé à me lancer dans d’autres projets pour essayer d’arrêter d’y penser, on m’a alors dit que ça ne fonctionnait pas parce qu’il n’y avait pas de place pour ce bébé dans ma vie trépidante …


Parce que je suis en colère contre la médiocrité de l’accompagnement émotionnel de ces parcours qui consument, les femmes et les couples, à petit feu …


Parce que j’ai longtemps cherché le thérapeute qui trouverait mon blocage alors que ce dont j’avais le plus besoin c’était quelqu’un qui m’écoute, me suive sur le long terme, m’aide, m’épaule et m’encourage …


Parce que je me suis souvent sentie impuissante, honteuse et coupable et que je ne souhaite à aucune femme de ressentir cela …


Parce que je ne connais pas de plus grande douleur que le cœur et le corps d’une femme en désir d’enfant pour qui ça n’arrive pas …


Et parce que l’infertilité vient s’immiscer dans toutes les sphères de la vie …


L’infertilité vient s’immiscer dans la vie de couple parce que même s’ils sont présents, les partenaires ont leur propre souffrance à gérer et se sentent impuissants face à l’immensité de la douleur de l’autre.


L’infertilité s’invite dans les sphères les plus intimes de la sexualité, parce que tout à coup, il n’y a plus jamais un rapport sans avoir, dans un coin de la tête, une lueur d’espoir que cette fois-ci, ça fonctionne.


L’infertilité s’immisce dans les rapports avec la famille, avec les parents parce qu’on hésite à leur parler, de peur de briser leur rêve de devenir grand parent, ou parce qu’on ne veut pas qu’ils s’inquiètent pour nous.


L’infertilité s’invite aussi dans les rapports avec les amis parce qu’ils ne savent pas quoi dire, que lorsqu’ils disent quelque chose, c’est souvent maladroit et que petit à petit, on va avoir peur de les voir et qu’ils nous annoncent une grossesse (et on va se sentir horriblement mal de ne pas réussir à s’en réjouir pleinement).


L’infertilité s’immisce également dans la vie professionnelle parce qu’on y pense tout le temps, qu’il suffit d’une minute de blanc dans une réunion pour qu’on ressente le vide dans son ventre. Que si on décide d’entamer un parcours PMA, on va devoir s’absenter régulièrement et probablement louper des réunions importantes.


L’infertilité vient altérer les loisirs parce que, tout à coup, on remet en question tout ce qu’on fait qui serait susceptible d’entraver la fertilité : faire du sport, monter à cheval, voyager, sortir avec des amis pour dévorer une énorme pizza pleine de gluten …


Je pourrais continuer la liste longtemps comme ça. En plus d’occuper toutes les pensées, l’infertilité occupe toutes les sphères de la vie.


On vit comme dans un monde parallèle tandis que le temps, lui, continue d’avancer.


Engluée dans une fatigue physique et mentale incommensurable, on s’éteint, lentement. Frôlant parfois le désert de la dépression.


Tous nos rêves sont mis entre parenthèses, tous nos projets sont sur pause, dans l’attente.


L’attente d’une grossesse, mais aussi l’attente des règles, l’attente de l’ovulation, l’attente du rendez-vous gynéco, l’attente du prochain protocole, l’attente du monitorage, l’attente des résultats du test de grossesse, l’attente des résultats de la prise de sang …


On attend tellement qu’on finit par ne plus savoir rien faire d'autre qu’attendre.



Cette attente nous vole des années de vie, des années de bonheur.


Et ça pour moi, c’est insupportable. Ces années de vie volées, c’est insupportable.


Je ne sais que trop bien à quel point renoncer à cette grossesse est un deuil impossible. Je ne demanderai d'ailleurs jamais aux femmes que j'accompagne de renoncer à ce si beau projet.


Et je ne sais que trop bien qu’on ne peut rien faire contre cette attente, qui fait partie intégrante du processus.


Mais je sais qu'il existe une autre voie, un autre chemin possible. Que l'on peut vivre cette attente en étant pleinement ancré dans la vie.


Car si on fait tout cela, c’est pour créer la vie. Et être en vie, ce n'est pas être en attente, c'est être dans le mouvement. Un mouvement vers ce qui nous anime, ce qui nous fait nous lever le matin, ce pour quoi nous sommes tous là, sur Terre.


On dit souvent que pour se remettre en mouvement, il faut faire le plus petit pas possible dans cette direction.


Un jour, au milieu du désert, un plus petit pas possible a donné naissance à Attraversiamo.


Pour que plus aucune femme ne reste seule avec cette douleur immense et qu’elles aient toutes un espace pour remettre de la vie dans leur vie.






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